Peut-être avez-vous déjà entendu quelqu'un dire ceci : « J’ai reçu une augmentation, mais au final, je touche moins qu’avant ! » Est-ce exact ? Dans cet article, nous allons vous expliquer très simplement quelles sont les principales rubriques de votre fiche de paie et à quoi elles servent.

Nous conclurons par un calcul montrant clairement qu'une augmentation, même marginale, est toujours mieux que rien, sans soulever un coin du voile. C'est non seulement bon pour le pécule de vacances, la prime de fin d'année et les indexations futures, mais aussi parce que cela vous rapporte toujours plus en bout de course.

Penchons-nous un peu plus sur le monde complexe du calcul des salaires :

Comprendre les détails de votre fiche de paie semble relever des mathématiques supérieures. Même en ayant les connaissances nécessaires, cela relève du défi. Une petite augmentation n’est pas toujours avantageuse, dit-on souvent. Ce n’est pas tout à fait exact, mais il est vrai qu’en cas de salaire peu élevé, le travailleur touche moins, en net, après une augmentation.

En effet, d'une part, la réduction des cotisations sociales (ONSS) diminue et, d’autre part, le précompte professionnel (PP) - une avance sur vos impôts - augmente. Cet argent n’est toutefois pas perdu : ce système permet d'éviter les mauvaises surprises sur votre déclaration d'impôts à la fin de l'année, compte tenu de l’imposition progressive. Même si vous payez plus d'impôts si vous gagnez davantage, l’augmentation n’est jamais totalement perdue.

Cependant, une augmentation de salaire peut faire franchir des paliers financiers, ce qui peut se traduire, par exemple, par une augmentation des frais de garde d'enfants, une diminution des allocations familiales ou la perte du droit à un tarif social. C'est donc là que réside un risque potentiel.

De quoi se compose notre salaire ?

Sur leur salaire (au-delà d'un certain montant), les travailleurs paient surtout des cotisations sociales (ONSS) et un précompte professionnel (PP). Les travailleurs paient 13,07 % de cotisations ONSS, mais pour les ouvriers, la cotisation est calculée sur 108 % du salaire car le simple pécule de vacances est pris en compte. Des réductions de cotisations s’appliquent sur la retenue de l’ONSS en fonction du montant de votre salaire. Les cotisations ONSS sont en fait une contribution que vous payez, en tant que travailleur, à la sécurité sociale, notre filet de sécurité qui protège tous les travailleurs contre la perte de revenus.

Il existe aussi une cotisation spéciale pour la sécurité sociale. Elle varie en fonction de votre salaire et de votre situation familiale, l’objectif étant de créer une redistribution des richesses, les gros salaires payant plus que les bas salaires ou les salaires minimums.

Le précompte professionnel (PP) peut varier, mais constitue essentiellement une avance sur le paiement de vos impôts à la fin de l’année. Il répartit en quelque sorte votre impôt futur sur les mois de l’année.

Dans l’exemple ci-dessous, nous nous basons, en ce qui concerne le PP, sur le simulateur fourni par le SPF Finances et attribuons une augmentation de 300 EUR par étape. Cela vous permet de voir l’évolution.

Vous voyez que les augmentations entre 2.100 et 3.000 EUR débouchent sur un montant proportionnellement moins important que dans les autres tranches, mais cela s’explique par le PP et les cotisations ONSS plus élevés qui sont retenus sur ces montants (proportionnellement). À chaque augmentation de salaire, vous touchez plus en net et la retenue plus élevée n'est pas perdue (car elle sert aussi à constituer votre pension, par exemple).

C’est l’une des raisons pour lesquelles nous voulons remanier cette maudite loi sur la norme salariale. En effet, celle-ci nous empêche de négocier librement toute amélioration du salaire brut.

À la fin de l’année, votre salaire sera imposé en fonction de tranches d’imposition progressive. En d’autres termes, vous serez imposé par tranche en fonction du taux correspondant. Vous n’êtes donc jamais perdant si vous passez à la tranche supérieure. En effet, vous serez seulement imposé selon le taux applicable à la tranche concernée et pour le montant correspondant à cette tranche (et à elle seule).

Voici les taux d’imposition applicables en 2024 :

Ce que vous devez garder à l’esprit, c’est que (l’augmentation de) votre salaire brut ne correspond pas au montant (majoré) que l’employeur payera. En effet, ce dernier paie également des cotisations patronales sur votre salaire. Dans le cadre du 'Tax shift' du gouvernement Michel (O.Vld) avec le Ministre Van Overtvelt (NVA), cette cotisation patronale est passée de 32,4 % à 25 %. Sous l’effet des différentes subventions salariales, ce chiffre théorique est même plus proche des 21 % en moyenne.

De ce fait, la part des travailleurs dans le financement de la sécurité sociale n'a cessé d'augmenter au cours des vingt dernières années, tandis que la contribution des employeurs a diminué, comme l’explique O. Pintelon dans cet article (en néerlandais).

Dans notre exemple, nous ne tenons pas compte de ce glissement dans le calcul, mais il est important de savoir qu’il s’agit d'une des raisons pour lesquelles les employeurs préfèrent souvent prévoir des augmentations de salaire d'une autre manière. Les chèques-repas ou d’autres indemnités fiscalement avantageuses, comme la prime corona ou la prime pouvoir d’achat, n’impliquent pas ou peu de charges patronales. De plus, ces indemnités ne sont pas prises en compte dans les indexations futures ou, plus grave encore, dans les augmentations de salaire.