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Trois quarts des Flamands en faveur d'une réelle imposition sur la fortune

Trois quarts des Flamands en faveur d'une réelle imposition sur la fortune

72,5 pour cent des Flamands sont favorables à un impôt sur la fortune afin de réduire l'imposition du travail. C’est ce qu'il ressort d'une enquête menée à la demande des magazines Knack et Trends.

La FGTB Métal et l’UBT estiment également que le prochain gouvernement fédéral devra travailler sur un tel tax shift, afin de permettre aux travailleurs moyens de garder davantage de revenus nets à la fin du mois. La baisse de l'impôt sur le travail ne doit évidemment pas entraîner une perte de revenus pour l’État (pour les pensions, les soins de santé, l’enseignement, etc.), raison pour laquelle les plus grandes fortunes doivent être davantage imposées.

Un débat approfondi est nécessaire

Le gouvernement Vivaldi actuel a déjà tenté d'introduire un tel tax shift (certes sans impôt sur la fortune à proprement parler), mais cet exercice s’est heurté à la résistance des libéraux francophones du MR, qui ne voulaient pas accabler leurs riches copains avec des impôts plus élevés. En tout état de cause, il est pour nous évident qu’un débat politique et sociétal devra être organisé après les élections politiques du 9 juin concernant une réduction des charges sur le travail et une augmentation de l'imposition sur la fortune (et également sur la consommation et la pollution, mais de manière équitable). Il convient d’examiner de manière approfondie quel type d'impôt sur la fortune nous pouvons introduire et quelle est la meilleure manière de le faire. Nous sommes conscients que cet exercice n’est pas simple. Imposer (davantage) les grandes fortunes n’est pas non plus le remède magique à tous nos problèmes. Nous sommes néanmoins convaincus que cette mesure peut augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs et rendre le travail moins coûteux pour les entreprises.

Combien un tel impôt peut-il rapporter ?

Le 7 février 2024, le Bureau fédéral du Plan a publié une étude sur les potentiels revenus qu'un impôt sur la fortune pourrait rapporter. Conclusion ? Un impôt sur la fortune progressif de 1 à 3 pour cent sur les patrimoines nets de plus d’1 million d’euros pourrait rapporter 4,7 milliards d’euros. En imposant les patrimoines de plus d’1 million d’euros, seuls 5 pour cent des Belges les plus riches seraient concernés.

Le patrimoine net est calculé en additionnant tous les biens meubles(actions, argent sur le compte à vue, etc.) et immeubles (logements, terrains, etc.) et en soustrayant ensuite toutes les dettes. Le logement propre (jusqu’à 500.000 euros) et les actifs professionnels (jusqu'à 500.000 euros) ne sont pas pris en compte dans le calcul du patrimoine net.

Quels en sont les pièges ?

L’étude du Bureau fédéral du Plan met également en garde contre toutes sortes de difficultés liées à l'introduction d'un tel impôt sur la fortune. Ainsi, un cadastre des fortunes devra être mis en place, ce qui est une tâche complexe. En outre, l’impôt sur la fortune doit s'inscrire dans une réforme fiscale plus large pour éviter que certaines personnes ne soient imposées plusieurs fois sur le même actif. De telles difficultés sont réelles, mais pas insurmontables.  Tout comme nous ne devons pas contribuer à l’idée populiste que « taxer les riches » résoudra tous nos problèmes, nous ne devons pas non plus accorder trop de crédit à ceux qui disent qu’un impôt sur la fortune est « irréaliste » ou qu'il « nuit à l’économie ».

Conclusion

Nous le répétons encore une fois : nous avons besoin d'une discussion politique et sociétale approfondie sur la manière dont nous pouvons rendre notre fiscalité plus équitable. Comment pouvons-nous faire en sorte que les épaules les plus solides portent les charges les plus lourdes ? Comment pouvons-nous faire en sorte que les travailleurs gardent plus de revenus nets à la fin du mois ? En ces temps difficiles, marqués par des besoins en investissements importants (pensions, soins de santé, industrie, climat, défense, etc.), les grandes fortunes doivent fournir des efforts supplémentaires.

Nous terminerons par ces deux citations de l’économiste Paul De Grauwe (London School of Economics) extraites d'une interview de juillet 2023 pour KNACK :

« Nous pourrions introduire un impôt sur la fortune progressif. Par exemple, nous n'imposerions pas les patrimoines inférieurs à 1 million d’euros, nous prélèverions un impôt de 1 % sur les patrimoines entre 1 million et 10 millions, 2 % sur les patrimoines entre 10 et 100 millions et 3 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros. Les chiffres peuvent varier, mais il est important d'épargner la classe moyenne de courageux travailleurs belges et de contraindre les grandes fortunes à payer une contribution qui ne les plongera pas dans la pauvreté et qui ne les fera pas travailler moins. Ce que je propose ne relève tout de même pas d'une confiscation de biens ? »

« On ne peut réduire sérieusement les charges sur le travail qu’en réduisant les dépenses de la sécurité sociale. Mais qui veut cela ? [...] Bien entendu, si l'on introduit un impôt sur la fortune, la situation est très différente. Une vaste majorité de Belges est favorable à un tel impôt sur la fortune. Il est étrange que la classe politique belge ne suive pas cette majorité. Je ne peux que conclure que les grandes fortunes ont une grande influence sur la politique dans notre pays. »

Après les élections du 9 juin, nos représentants politiques sauront ce qui leur reste à faire !